Guide des louangeurs du Prophète en Afrique
Les poètes africains sans doute n’ont épargné aucun effort pour faire l’éloge du Prophète – paix et bénédiction sur lui. Parmi les pays d’où ces poètes viennent, on trouve le Sénégal, le Mali, le Nigéria, le Ghana, le Burkina Faso, la Gambie et la Guinée. Les textes poétiques sous forme d’éloge avaient généralement des enjeux similaires dans la poésie arabe avant la naissance du Prophète – paix et bénédiction sur lui. L’éloge du Prophète est une manière d’expression des émotions religieuses pleines d’honnêteté, de sincérité, d’amour et de sacrifice et une façon de s’adonner à l’adoration spirituelle émanant de la science d’inspiration divine (’ilm ladouni). Le thème de cet éloge n’est d’autre que la meilleure création de Dieu et le maître des êtres humains, le Prophète Mohammed – paix et bénédictions sur lui. L’éloge du Prophète s’inspire du Saint Coran, des hadiths, des livres de tafsir(l’interprétation du Coran) et de la biographie du Prophète (la Sira). Les louangeurs du Prophète – paix et bénédiction sur lui – de son vivant étaient son oncle Al-Abbas bin Abdalmouttalib, Abou Talib, Hassan ibn Thabit et bien d’autres.
L’éloge du Prophète et les facteurs de son essor en Afrique
A l’instar des poètes arabes, les poètes africains se sont excellés dans l’éloge du Prophète – paix et bénédiction sur lui – depuis que Dieu leur a guidé à suivre et s’illuminer par le Message du Prophète. L’éloge du Prophète en Afrique est une poésie religieuse axée sur la vérité mohammadienne, sa souveraineté et sa préférence. Cette poésie religieuse est caractérisée par la spiritualité soufie. Il est dit que le crédit pour la genèse de l’éloge du Prophète en Afrique revient à Ibrahim Sahili El-Mohandes pendant le quatorzième siècle au cours du règne du Roi du Royaume Islamique du Mali, Kanga Moussa. L’une des plus importantes caractéristiques de l’éloge du Prophète en Afrique est l’influence de la tendance soufie. La plupart des soufis, principalement les qadiri et tijani, vieux et jeunes, ont été éduqués dans leurs zaouïas à chanter l’éloge du Prophète, en mettant tous leurs efforts pour la mémoriser par cœur.
Il est à noter que le poème « Mīmiyyah » du Boussiri a eu un effet profond sur l’éloge du Prophète dans toute l’Afrique. C’est dû au fait que la Tariqa Chadhiliya qui était parmi les confréries soufies réparties en Afrique a fait des invocations individuelles appelées Wird son principal acte d’adoration de Dieu. En effet, la lecture du « Mīmiyyah » du Boussiri a été répandue le vendredi parmi les fidèles qui doivent être en état de pureté et s’asseoir en prière, en se dirigeant vers la qibla. Les poètes africains ont été influencés par ce poème ; ce qui est apparent à travers la composition poétique de leurs poèmes, leur incitant ainsi à manifester leur lyrisme et exprimer leur adoration pour le Prophète – paix et bénédiction sur lui – en énumérant ses qualités, vertus et actes d’héroïsme.
La conversion de l’Afrique à l’Islam volontairement sans crainte ni coercition est l’un des facteurs les plus importants qui ont encouragé les poètes africains à s’immerger dans la créativité en matière d’éloge du Prophète. L’Islam a été un constituant interne qui a semé l’adoration du Prophète – paix et bénédiction sur lui – dans les cœurs des africains. La langue arabe a également été un facteur externe, puisque les adorateurs l’utilisent pour exprimer leur vénération au Prophète – paix et bénédiction sur lui. L’éloge du Prophète en Afrique est un ensemble de poèmes religieux de nature essentiellement soufie, caractérisés par la panégyrique et l’effusion lyrique.
Les aspects de l’Eloge du Prophète en Afrique
L’éloge du Prophète prend les formes suivantes :
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Le Poème
Le poème selon la prosodie arabe signifie un texte de poésie composée de sept vers ou plus ayant des rimes et mètres unis. Il est l’une des formes qui distinguent l’éloge du Prophète en Afrique.
Au Nigéria, on trouve un poème d’Othman ibn Foudi dont le premier vers commence par « Puis-je aller », le reste des premiers vers est le suivant :
Puis-je aller vers Tiba en courant
Pour visiter la tombe du Hachimi Mohammad
Son parfum s’est répandu à ses alentours
Et les pèlerins se sont rassemblées autour de Mohammad
J’ai juré devant Dieu que chaque parcelle
de mon corps sera éprise d’amour pour Mohammad
Le Cheikh Mohammad Nasser a composé un poème chanté par les adeptes de la Tariqa Qadiriya, contenant ce qui suit :
Oh Prophète d’Allah prends ma main
Et aide-moi car tu es noble
Cher Messager Choisi, tu es mon pilier
A toi aujourd’hui j’y retourne
Au Mali, on trouve un poème du Cheikh Habib Abdallah intitulé « La Rose sur la Démarche du Burda ».
A la Guinée Bissau, on trouve la « Nouniyah » du Cheikh Ibrahim intitulée « Le Turban du Choisi » commençant par le vers suivant :
Mon Dieu et Dieu de toutes les créatures me suffit
Et l’éloge d’Ahmed dans les deux mondes m’emplit de plénitude
Le Juge Ali Sagh a écrit un long poème sur l’éloge du Prophète composé de 180 vers intitulé « Réaliser le Vœu de faire l’Eloge du Meilleur parmi les Arabes ».
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Le Florilège
Le poète guinéen Ali Bobdim est le premier versificateur à écrire un éloge du Prophète sous forme de florilège. Dans ce contexte, il a excellé par le biais d’un florilège intitulé « Les Rênes des Excellences dans l’éloge des Seigneurs ». Le florilège se compose de 578 vers écrits dans 28 poèmes.
Son concitoyen Kramo Talba a suivi ses traces en écrivant un florilège intitulé « Le Modèle à Suivre pour l’Enfant à l’instar de son Père pour Célébrer la Naissance de Sidna Ahmed Mohamed ». Le recueil se compose de 211 vers écrits dans 25 poèmes, dont les vers suivants :
Sa création est un texte explicite
Sa grâce est l’étoile de la joie
Sa victoire pour la vérité est un droit et une fierté
Une prévention pour celui qui cherche le refuge
Un mentor pour celui qui cherche une consultation
Jarno Said Cho’ara’ a suivi la même optique en écrivant un poème intitulé « La Dernière Question dans l’éloge du Prophète », composé de 262 vers écrits dans 32 poèmes.
Au Burkina Faso, le recueil du Cheikh Marhaba Sanogo intitulé « Le Triomphe du Latif en composant des vers » basé sur l’éloge du Prophète.
Au Sénégal, on trouve un recueil du Cheikh Abbas Sal intitulé « Les Joyaux du Badi’ dans la Supplication d’Allah le Badi’ dans l’éloge de l’Intercesseur Bien-aimé », composé de 416 vers dans 32 poèmes.
Au Ghana, on trouve un recueil d’éloge du Prophète du Cheikh al-Hajj al-Amine intitulé « Le Chef-d’œuvre des Libres dans l’éloge de la Lumière de toutes les lumières », composé de 416 vers dans 32 poèmes.
Le florilège du Cheikh Sénégalais Ahmed Ji est le plus grand et surprenant recueil dans l’éloge du Prophète dans toute l’Afrique de l’Ouest intitulé « Dons Prophétiques ». Le recueil se compose de 3777 vers dans 54 poèmes.
Caractéristiques de l’Éloge Africain du Prophète
L’observateur de la plupart des poèmes que les poètes africains ont composé sur l’éloge du Prophète peut remarquer que ces poèmes sont de la poésie religieuse marquée par la spiritualité soufie et centrée sur la vérité de Mohammad, sa souveraineté et sa préférence, par exemple le premier vers suivant du Cheikh Mohamed Nasser Alkobra :
Vous êtes le meilleur des savants
Votre grâce est innombrable et infinie
Le Nigérian Othman Idriss Al-Kenkaoui dit :
Personne dans cette Terre n’incarne les bienfaits de ce monde
Sauf celui à qui Dieu a révélé le Coran
À travers les exemples poétiques illustrés dans cet article, il est clair que l’éloge africain du Prophète est distingué par la délicatesse des idées, la ferveur des sentiments, et la sincérité de la passion immergées dans la vénération du Prophète – paix et bénédiction sur lui.