La préservation du patrimoine islamique africain
Pour préserver et diffuser les valeurs de l’Islam, la Fondation Mohammed VI des Ouléma Africains a fixé des objectifs suprêmes qu’elle œuvre à réaliser. Dans ce sens, la Fondation veille à la revitalisation du patrimoine culturel islamique africain commun, en le faisant connaître et en œuvrant à sa diffusion, sa conservation et sa sauvegarde grâce à une série d’activités et de programmes conçus à cet effet.
C’est dans ce cadre que la conférence sur « Le patrimoine islamique africain au Niger : Passé, présent et perspectives d’avenir » a été organisée par la section de la Fondation Mohammed VI des Ouléma Africains au Niger, les samedi et dimanche 17 – 18 Dhu al-Qi’dah 1440H correspondant aux 20 – 21 juillet 2019 à Niamey, dans le but de souligner les éléments essentiels de ce patrimoine et d’évoquer tous ceux qui ont contribué à son établissement, sa préservation et sa conservation.
Des manuscrits attestant d’une histoire riche
Lors de son intervention, Dr. Yacouba Aliou, Professeur à l’Université Islamique du Niger, a souligné le rôle important des Ouléma en Afrique de l’Ouest au sein de la société, un rôle qui ne se limitait pas seulement à l’enseignement, mais englobait aussi tous les aspects de la vie. En effet, les Ouléma de cette région, désormais appelée Niger, ont laissé derrière eux un patrimoine riche qui couvre tous les domaines de la vie.
Toutes les régions du Niger, ajoute le conférencier, témoignent de la présence d’un patrimoine varié de manuscrits islamiques, même si l’existence d’une importante partie de ces manuscrits est seulement indiquée dans les références des ouvrages des bibliothèques islamiques.
Les Ouléma de l’Afrique de l’Ouest ont largement contribué à la confection de ce riche patrimoine et les royaumes islamiques de cette région ont joué un rôle clé dans sa préservation. Dr. Zaneidou Ousmane, directeur de la division de la langue arabe au Ministère de l’Enseignement Supérieur du Niger, a évoqué, dans sa déclaration, ces différents royaumes et leur rôle dans la diffusion de l’Islam et de son enracinement dans ces zones.
Le Professeur Zaneidou Ousmane a souligné comment ces royaumes, de dimensions multiples, sont apparus au Nord et à l’Est du Niger, et comment ils ont constitué une barrière impénétrable permettant de s’opposer à tous les courants qui ciblent l’Islam. Il a également mentionné leurs efforts dans la distinction entre ce qui fait partie de la religion authentique et ce qui est lié aux coutumes et traditions des peuples de la région, et les relations historiques qu’ils avaient avec le Maroc.
Dans le cadre de ces relations, Dr. Mohamed Al-Farran, directeur de la Bibliothèque Nationale à Rabat, a indiqué lors de sa conférence sur le patrimoine islamique africain organisée par la section du Niger de la Fondation Mohammed VI des Ouléma Africains à Niamey, qu’il s’agit de relations fondées sur une influence mutuelle et une interaction efficace entre le Nord et le Sud.
Mr. Al-Farran a également évoqué plusieurs exemples sur la nature de cette relation arguant du volume important des manuscrits arabo-africains retrouvés à la Bibliothèque nationale du Maroc, reproduits par les marocains eux-mêmes ou parvenus au Maroc par leurs propres auteurs.
Le patrimoine islamique africain et la nécessité de sa préservation et de sa conservation
Lors de son intervention sur le patrimoine islamique africain, Mr. Hamid Lahmer, Professeur d’enseignement supérieur à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah à Fès, a affirmé que l’Ouest de l’Afrique regorge d’un patrimoine islamique riche et varié, s’étendant à tous les aspects de la vie. Sa préservation, dit-il, est d’une nécessité impérieuse.
Mr. Lahmer a ajouté que ce patrimoine reflète la culture islamique des sociétés africaines et témoigne des relations étroites qui unissent les peuples de la région. Il a mentionné, à cet égard, quelques exemples de manuscrits retrouvés au Niger et qui attestent des liens qui unissent les populations nigériennes et marocaines.
Pour préserver et conserver ce patrimoine, Pr. Lahmer a fait un certain nombre de propositions à travers lesquelles il a invité les étudiants, les chercheurs et les institutions compétentes à unir leurs efforts et à créer des moyens efficaces afin de mener à bien cette mission.
C’est, en effet, de cette mission que s’acquitte les centres scientifiques des différentes régions du Niger, dixit le Pr. Mahadi Elhadji Maazou, membre de la Fondation, dans son intervention qui a souligné le rôle primordial de ce patrimoine dans l’attestation de l’histoire de cette région.
Ces mêmes propos ont été confirmés par Dr. Ayoub Ghorba, professeur à l’Université Islamique du Niger, quand il a parlé de ce patrimoine et de ces deux aspects : physiques et morales.