La mosquée Al Quaraouiyine

La mosquée en islam est un lieu de culte, d’apprentissage et un espace pour cristalliser la conscience de l’appartenance collective à son environnement. Toutes ces fonctions s’appliquent parfaitement à la mosquée Al Quaraouiyine de Fès.

Des faits notables sont liés à cette mosquée. Comme par exemple son ancienneté, puisque sa construction date de l’an 242 H., c’est-à-dire moins de cinq décennies après la fondation de la ville de Fès. Un autre fait digne d’intérêt est que sa fondatrice est une femme, Fatima Al Fihriya, dont la famille est originaire d’Andalousie et le groupe de Kairouan, au Maghreb oriental (Tunisie). Un autre exemple encore est ses différentes extensions par les dynasties qui se sont succédé dans l’Histoire du Maroc, preuve des liens existant entre la religion, la science et la Commanderie des croyants. Des chaires scientifiques y ont été créées, des promotions des Ouléma y ont été formés, qui ont encadré la vie religieuse par leur orientation, leur science et leur rôle éminent dans l’allégeance.

Dans d’autres villes marocaines, ont été construites des mosquées avec des chaires scientifiques à l’instar d’Al Quaraouiyine, comme par exemple la mosquée Ibn Youssouf à Marrakech. C’est dans de pareilles mosquées que poursuivent leurs études les élèves des différentes mosquées qui enseignent le Coran et des rudiments de sciences théologiques. De nos jours encore, ces affluents composent, avec l’Université Al Quaraouiyine, le corps de l’enseignement religieux que l’on nomme «atiq» (traditionnel) et auquel appartiennent plus de 30.000 apprenants, enseignement qui est sous la tutelle du Ministère des Habous et des Affaires Islamiques.

Mais la mosquée Al Quaraouiyine est devenue très tôt une université. On la considère même comme la plus ancienne université du monde, en raison de la multiplicité des arts qui y étaient enseignés à côté des sciences théologiques. Ses scientifiques ont excellé dans d’autres disciplines telles que la logique, l’astronomie et la médecine. Les trésors des manuscrits de sa bibliothèque en témoignent aujourd’hui encore.

Les écoles qui dépendent de cette université, témoignent, quant à elles, avec leur architecture magnifique, de la sollicitude des rois du Maroc à l’endroit des étudiants de cette mosquée-université ; ces écoles que le Commandeur des croyants, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a restaurées et rendues à leur fonction première.

Dans le cadre de la renaissance du rôle de l’Université Al Quaraouiyine et de la réforme de son organisation, le Commandeur des croyants a décidé de lui rattacher
six établissements supérieurs qui sont: la Mosquée Al Quaraouiyine à Fès, l’Ecole des Sciences Islamiques de la Mosquée Hassan II à Casablanca et quatre établissements à Rabat qui sont: Dar Al Hadith Al Hassnia, l’Institut Mohammed VI des lectures et études coraniques, l’Institut Mohammed VI pour la formation des imams instructeurs et des instructrices et l’Institut Royal pour la recherche sur l’histoire du Maroc.

Parmi les innovations universitaires dignes d’Al Quaraouiyine, la création, sur hautes instructions du Commandeur des croyants, d’un cycle d’enseignement, la ‘Alimiya supérieure, à la Mosquée Al Quaraouiyine à Fès et à l’Ecole des Sciences Islamiques à Casablanca. Sont éligibles à cette formation les étudiants détenteurs du Baccalauréat et ayant mémorisé le Coran, qui passent cinq ans pour se spécialiser en sciences religieuses avec un contenu qui allie la robustesse des études théologiques et de la langue arabe d’un côté, avec l’étude des approches fondamentales en sciences humaines et la maîtrise des langues française et anglaise à un niveau qui permette de recevoir un certain nombre de cours dans ces deux langues et de les utiliser dans les réponses écrites et orales, lors des examens. S’ajoute à tout cela l’étude des langues anciennes : hébreu, latin et grec.

Cette combinaison et cette structure présentent, nous semble-t-il, une grande originalité parmi les cursus de l’enseignement religieux de par le monde.